Histoire de la Loge Equerre Ils sont dix Francs-maçons ce 19 septembre 1886 à se réunir pour fonder une loge à Moulins. Deux autres Frères les rejoignent très vite. Trois viennent de « La Cosmopolite » à Vichy, deux de « L'Industrie » à St-Etienne, un des « Enfants de Gergovie » à Clermont, un de « L'Humanité » à Nevers, un des « Hospitaliers de Saint-Ouen » à Paris, un de « La Régénération » à Bar-le-Duc, un de « La Française des Arts » à Toulouse, un de « L'Union Africaine » à Oran. L'installation est fixée au 11 février 1887. Elle est effectuée par le Frère Amiable, avocat, le Frère Malfusson, Pasteur à Nevers, et le Frère Ballière, ex Communard et ex exilé en Nouvelle Calédonie, tous trois dûment mandatés par le Conseil de l'Ordre du Grand Orient. Ce même jour cinq nouveaux initiés font leur entrée : ce sont Bruel sénateur, Bruneau notaire, Ville député-maire, Petijean médecin, futur sénateur, Echegut pharmacien. A la fin de 1887, la Loge compte 35 membres. Pourquoi un tel succès? La République qui instaure la liberté de la presse, la liberté d'association, l'école laïque etc... ne freine plus l'essor des loges. Celles-ci ne s'y trompent d'ailleurs pas et continuent d'accueillir toute la palette de Républicains allant des modérés les plus pâles jusqu'aux socialistes révolutionnaires. C'est que la Franc-maçonnerie, suspecte de menées subversives, avait toujours depuis sa création été surveillée de plus ou moins près par le Pouvoir. La Franc-maçonnerie devient alors le fer de lance du combat que la jeune République mène pour lutter contre une Eglise très cléricale, toujours nostalgique de ses accords passés privilégiés avec monarchies et empires. Jusqu'en 1914 se crée une véritable osmose entre la Loge et les dirigeants (ou les membres) des syndicats, des partis politiques, des mutuelles, des caisses de retraite, etc... Ces militants, comme souvent dans les associations ont plusieurs engagements simultanés. La Loge Equerre propose en 1895 au Grand Orient :
Elle se mobilise également contre la peine de mort. A l'origine la Loge est composée principalement de commerçants et de professions libérales. Les enseignants sont de plus en plus nombreux à partir de 1890, 1900. La guerre de 1914-1918 freine considérablement la vie de la Loge et il faut attendre 1920 pour retrouver une activité normale. De nouveaux Frères sont initiés, certains démissionnent, d'autres quittent Moulins, d'autres enfin meurent. La Loge continue, toujours républicaine, toujours anticléricale, toujours laboratoire d'idées sociales. Trente neuf/quarante cinq est une dure épreuve avec la mise en sommeil de l'Atelier, des lois antimaçonniques édictées, les Francs-maçons pourchassés. Beaucoup de Frères s'impliquent dans la Résistance, quelques-uns (deux) sympathisent avec le pouvoir en place. Ceux-là se voient refuser leur réintégration en 1945. Cinq ans d'inactivité ont fait des dégâts. Il y a des absents : certains ne souhaitent pas reprendre leur place, d'autres sont morts. Parmi ceux-ci il faut citer Abel Barbarat, Victor Bouchon, et Charles Rispal, tous les trois déportés et morts en camps de concentration. Ceux qui restent s'investissent à fond pour récupérer locaux et matériels vendus par Vichy. Ils n'hésitent pas à donner, en plus, une journée de travail pour une « remise à niveau » de l'Atelier. Heureusement, les initiations sont nombreuses et viennent très vite combler les vides. Depuis la loge continue même si le profil du Frère s'est quelque peu modifié. Le combat social est moins présent. La part dévolue à la spiritualité laïque s'est renforcée. Fidèles à l'humanisme de leurs ancêtres, la Loge outil si singulier et si original sera ce que voudront bien en faire les Francs-maçons de demain. | ||
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